jeudi 29 août 2013

Driver License

Le permis de conduire aux États-Unis est toujours un sujet d'étonnement pour les français expatriés. La première question qui se pose est : "dois-je repasser mon permis ? " et si oui "pendant combien de temps puis-je rouler légalement avec mon permis français ?". Aussi étrange que cela puisse paraître nous n'avons pour l'instant pas complètement élucidé ces deux questions ! Quand on lit le "manuel du parfait petit conducteur californien" ou "MPPCC" il semble que l'on doive repasser le permis dans les 10 jours suivants l'arrivée en Californie uniquement si on est assimilé à un résident. Le fait d'être propriétaire en France, de ne pas voter aux États-Unis et de ne pas payer un certains nombre de taxes, semble nous exclure de cette catégorie... Mais en discutant avec les gens du cru, l'idée communément admise est plutôt que si on est arrêté par la police ou pire si on a un accident on risque de gros soucis et au minimum d'avoir à défendre son cas devant un tribunal.

Le point intéressant est que les assurances s'en fichent. Aucun problème pour assurer sa voiture avec un permis français. Lors de notre premier séjour, l'assureur nous avait tout de même imposé de passer le permis avant un an.

Après quelques tergiversations la décision est prise ; nous allons repasser le permis de conduire. La première chose à faire est de télécharger le MPPCC sur le site Internet du Deparment of Motor Vehicle (DMV). La lecture du document est assez étonnante, il ne s'agit pas vraiment d'un "code" mais plutôt d'un ensemble de règles de bon sens, de recommandations et de bonnes pratiques ; très pragmatique en somme. La notion de vitesse maximale est floue, par exemple il est dit que lorsqu'on rentre sur une autoroute on doit se mettre à la même vitesse que le flot de voitures (sous entendu : même si celui-ci roule plus vite que la limite). Certaines choses sont carrément surréalistes, comme par exemple : "Do not shoot firearms on a highway or at trafic signs" !!! (page 71 du MPPCC). Ah bon ! Et dans une zone résidentielle, j'ai le droit ? D'autres règles sont assez locale comme le fait d'être obligé de tourner ces roues de manière à bloquer le véhicule contre le trottoir dans les rues en pente (très utile à San Francisco...).

Une fois le MPPCC assimilé, on prend rendez-vous au DMV (ou pas si on aime faire la queue) et on se pointe à la date et à l'heure dite. Premier obstacle ; passer les gardien(ne)s qui doivent être à peu près aussi avenants que le portail d'Alcatraz. Ceci dit, une fois passé, on tombe sur gens plutôt sympas et assez prompts à plaisanter où à expliquer qu'ils aiment bien la France et qu'ils ont de la famille à Grenoble. 

Donc dans l'ordre : 
  1. Prouver qu'on a un statut légal aux USA (formulaire DS2019 et I94 obligatoires)
  2. Prouver qu'on a l'âge que l'on prétend avoir
  3. Récupérer le formulaire DL44 et le remplir. Attention on vous demande votre taille en pieds et pouces et votre poids en livres, la conversion n'est pas toujours évidente et j'ai perdu quelques cm dans la bataille.
  4. Aller à un premier guichet
  5. Faire un test de vue, des deux yeux, puis chaque œil séparément (en fait lire 5 lettres sur un panneau accroché sous le plafond)
  6. Se faire prendre l'empreinte du pouce droit
  7. Payer 32$
  8. Aller se faire photographier
  9. Faire le test de type QCM. Soit c'est la première fois que l'on passe et il faut répondre à 36 questions et faire moins de 5 fautes, soit c'est un renouvellement et il n'y a que 18 questions pour 3 fautes permises.
Les tests sont vraiment très simples et la plupart des réponses se devinent sans avoir eu besoin de lire le MPPCC. Quand vous retirez le formulaire de test on vous souhaite "good luck" et on vous félicite quand vous avez réussi. Et en plus ça parait naturel !

Normalement, pour passer le permis il faut aussi avoir un numéro de sécurité social (sésame pour beaucoup de démarche aux USA), mais comme ils n'ont plus assez de numéros on peut expliquer dans le formulaire DL 44 pourquoi on n'en a pas. Nous, nous en avions un, durement acquis lors de notre précédent séjour.

Une fois le test passé on récupère un papier qui permet de conduire accompagné par une autre personne ayant déjà le permis. Bien entendu, vous n'allez pas faire ça, de toutes façons vous conduisiez déjà tout seul avant...

Donc, au plus vite vous reprenez rendez-vous au DMV pour le test "behind the wheel". Et pour passer le test... je vous le donne en mille ... vous y allez avec votre voiture ! Et si vous échouez ? Bah... vous repartez avec votre voiture (vous n'allez quand même pas la laisser sur le parking !)

Pour moi, ce fut la bonne surprise, mon permis de 1999 était toujours dans la base de données, j'ai donc eu le droit aux 18 questions et à une dispense d'examen de conduite.

C'est ça l'Amérique et franchement c'est rafraîchissant !

Stéphanie je pense à toi avec les 11 mois de délai pour repasser la conduite à Paris !

vendredi 23 août 2013

KIPAC

Mon bureau au SLAC est situé dans le KIPAC (Kavli Institute for Particle Astrophysics and Cosmology). Cet institut, comme plusieurs autres aux États-Unis et en Europe, a été fondé et financé par Fred Kavli via sa fondation. Fred Kavli est ingénieur physicien de formation et homme d'affaire. D'origine norvégienne, il a immigré aux États-Unis en 1956 et y a fait fortune en développant et en vendant des capteurs initialement destinés aux missiles, puis à d'autres applications industrielles, notamment l'aéronautique et l'automobile. En 2000 il a vendu son entreprise californienne et depuis, consacre son argent au financement d'instituts de physique qui portent son nom. Amateur d'art, il a aussi financé la construction d'un théâtre. À l'instar d'Alfred Nobel, il a créé des prix scientifiques dotés d'un million de dollars.

L'activité du KIPAC est concentrée sur les grandes questions astrophysiques et cosmologiques (c'est à dire liés à l'évolution de l'univers) : trous noirs, matière noire, énergie noire, grandes structures de l'univers ... Les problèmes sont aussi bien abordés par leurs aspects théoriques que par l'intermédiaire de projets expérimentaux.

L'environnement est très jeune, il y a une petite armée de postdocs venus passer quelques années à travailler sur les questions évoquées plus haut aux côté de quelques uns des plus brillants scientifiques du domaine. J'en ai croisé quelques uns ce matin à qui je n'aurai pas donné plus de 17 ou 18 ans (ils en ont probablement un peu plus)  et qui n'auraient pas détoné dans une épisode de The Big Bang Theory !

Parmi les nombreuses activités destinées à animer cette communauté scientifique et entretenir une atmosphère d'échange conviviale, j'en ai découvert une cette semaine que j'ai trouvée excellente. Tous les jours à 16h quelqu'un sonne la cloche pour appeler les habitants du bâtiment à venir discuter de science autour d'un thé et de quelques gâteaux. Le mardi et le vendredi, le thé se passe dans une grande salle de réunion et prend un tour un peu plus formel ; deux ou trois publications choisies par un vote sont sélectionnées et commentées par celles et ceux qui ont une compétence dans le domaine, puis un exposé d'un quart d'heure est fait par l'un(e) des participant(e)s sur un sujet qui lui tient à cœur (sujet de son travail, idée, réflexion personnelle, etc.). L'atmosphère est bon enfant, l'idée est vraiment d'entretenir un brassage des idées et d'amener les participants à se rencontrer et à discuter. C'est jeune, c'est dynamique et tout cela est très motivant ! D'ailleurs je me suis fait embaucher pour un talk dans 10 jours à l'occasion de de la conférence KIPAC@10.

Le Kavli Institute for Particle Astrophysics and Cosmology

dimanche 18 août 2013

Crêpes et beurre salé

Nous aussi sommes au pays du beurre salé et du crachin; il ne manque que les crêpes ( quoique, en cherchant bien !)  et les chapeaux ( en cherchant encore plus...)! Quelles différences ma foi : un peu (beaucoup) plus à l'ouest, l'océan baigne les mêmes côtés rocheuses tourmentées, mais de granit et de gneiss, point. Et le Pacifique est beaucoup moins engageant que l'Atlantique : point de baigneurs sur les plages immenses, redoutant peut-être une eau très froide et traîtresse, peuplée d'otaries et de requins ; point de petits ports côtiers berçant ses chalutiers; point de pêcheurs tranquillement installés sur un rocher ou une jetée, craignent- ils la vague scélérate ? De magnifiques paysages où les collines herbeuses ondoient dans le continuel vent marin, mais point de cabanon blotti dans les ajoncs ; les colibris y semblent moins guerriers que les troglodytes, mais leurs chants sont tout aussi dysharmonieux ! La population est accueillante et souriante, semble beaucoup moins stressée ; dans mon quartier, les gens ont à majorité les yeux bridés et parlent une langue qui m'est plus fermée que le breton (le chinois est une des langues officielles de la Californie). Et le cidre par ici, est un jus de pommes carbonaté et très souvent canellisé ! Allez, ici, c'est l'heure du petit déjeuner, je vais me refaire une tartine de beurre salé sur une galette... de pain pakistanais !

Patricia

vendredi 9 août 2013

On progresse ...

Une semaine est déjà passée, elle fut bien remplie. Dès samedi nous avions repéré une annonce sur Craigslist pour une maison qui semblait remplir tous les critères que nous nous étions fixés : quartier de Sunset, si possible meublée, deux chambres, loyer dans nos prix, disponible rapidement, etc. Lors de la visite le lendemain nous n'avons pas été déçus ; déjà la maison est bleue et pour des français à San Francisco c'est un attribut qui n'a pas de prix :-) la vue sur l'océan depuis la terrasse devant la chambre est tout simplement superbe, le propriétaire est charmant et il nous laisse quasiment tout le mobilier et les accessoires (télé, batterie de cuisine, électroménager...). Nous étions plusieurs sur le coup (dont des Suisses de Zurich que nous avons croisés), mais le label "je travaille à Stanford" vaut tous les "credit record" du monde et nous avons emporté le morceau. Nous avons maintenant hâte d'être le 22 août pour emménager dans notre palais...

Deuxième défi, acheter une voiture. Là encore Craigslist est notre ami. Je voulais un SUV (Sport and Utility Vehicle), c'est à dire un 4x4 afin de pouvoir parcourir les "dust roads" des parc nationaux, chose que nous n'avions pas pu faire en 2000 avec notre gros van. Nous avons finalement opté pour un Nissan Murano de 2004 avec 100 000 miles au compteur. Ce SUV grand luxe et totalement hors de prix quand il est neuf, se déprécie très vite aux USA. Il faudra juste avoir le pied léger comme une plume pour appuyer sur l'accélérateur, car à ce niveau là, ce sont carrément des pipe-lines qui font office de durites pour acheminer l'essence dans le moteur ! En tout cas, il est tout beau avec sa peinture métallisée dorée, notre carrosse...

Habitant San Francisco et travaillant au SLAC, j'ai rejoint la grande famille des "commuters", ces gens qui chaque jour font l'aller et retour entre la "City" et la "Valley". Le trafic est très dense et  il faut bien caler ses horaires pour passer au bon moment ; actuellement la meilleure solution semble être de partir très tôt (ceux qui me connaissent apprécieront l'effort !) et de repartir vers 16h30. C'est d'ailleurs aussi une bonne solution car cet horaire permet un recouvrement de 2-3 heures avec les collègues en France. En 2000, le "commuting" était l'occasion de voir les gens faire les choses les plus incroyables en conduisant, j'ai même vu une personne se laver les dents ! J'ai l'impression que les californiens se sont assagis et je n'ai encore rien vu de vraiment étrange.

Pour finir sur une touche colorée, voici le "californian poppy" l'un des symboles de la Californie, croisé lors d'une balade sur le mont Tamalpais.






samedi 3 août 2013

Installation

"The coldest winter I ever saw was the summer I spent in San Francisco" - Cette phrase attribuée à Mark Twain résume assez bien notre "ressenti thermique" après 48h passées dans cette belle ville. Fidèle à sa réputation, le brouillard est là, accompagnant l'air froid venu de l'océan. Aujourd'hui nous avons eu 30 minutes d'éclaircie avant que la brume ne revienne. Il en sera ainsi jusque vers la fin du mois, puis le beau temps s'installera pour quelques mois.

Vendredi, fut mon premier jour de travail au SLAC. Parti dans le froid et le brouillard, le soleil était là dès l'aéroport passé. La transition est vraiment étonnante, je pense que le thermomètre doit monter de dix bons degrés en l'espace de quelques kilomètres. À l'instar du soleil de Palo Alto, l'accueil par le "International Services" du SLAC fut vraiment chaleureux et les détails administratifs relativement vite réglés.

Le campus du SLAC est un petit paradis verdoyant et fleuri où il fait bon travailler. Le décor tranche vraiment avec le CERN et son allure à la fois "high tech" et vieillotte.


Dans la cafétéria du SLAC (le Harvest Cafe) il est courant de croiser deux ou trois vieux prix Nobel qui déjeunent ensemble la casquette vissée sur la tête. Personne n'y prête vraiment attention, sauf quelques jeunes étudiants ou postdocs, pas encore habitués à cette ambiance si particulière et stupéfait de croiser quelques uns des grands noms qui ont fait progresser la physique.

À San Francisco, nous occupons l'appartement prêté par Michèle le temps que nous trouvions une maison à louer. Celui-ci se trouve dans le quartier de Sunset, non loin de là où nous habitions entre 1998 et 2000.



Le quartier est sympa et pratique, c'est là que nous concentrons nos recherches pour trouver un logement.

La première tâche que nous avons accomplie vendredi, fut d'ouvrir un compte en banque. Cela nous pris deux bonnes heures, mais encore une fois, quel accueil étonnant ! L'une des employées entendant que nous cherchions une maison, a pris la peine de téléphoner à une de ces connaissances qui avait justement un logement à louer, la directrice de l'agence est venue discuter avec nous des mérites respectifs des systèmes américains et français, puis, Patricia s'excusant d'avoir fait rester les employés au delà de l'heure de fermeture, la responsable nous a simplement dit en rigolant "pas de problème, c'est vendredi, après ça je vais aller boire un coup à côté ..."  Et cette façon d'être est naturelle, il ne s'agit pas de flagornerie, c'est un réel sens de l'accueil du client, doublé d'une bonne humeur naturelle.

Voilà, en deux jours nous avons retrouvé l'ambiance qui nous avait tant plu il y a 14 ans et c'est plutôt cool !