dimanche 7 décembre 2014

Désert Mojave

Le désert Mojave couvre une vaste zone au nord est de Los Angeles et qui inclut la célèbre Vallée de la Mort (Death Valley). Avec Patricia nous aimons particulièrement un endroit nommé Red Rock Canyon que nous avions découvert un peu par hasard lors d'un premier voyage il y a une vingtaine d'années. Le camping rustique de Red Rock Canyon est sans doute l'un des plus beaux de Californie, les emplacement sont situés aux pieds de falaises sculptées par le vent et les rares pluies torrentielles qui s'abattent sur le désert de temps en temps.

Nous aimons aussi beaucoup cette région car contrairement à la plupart des parc américains où les visiteurs sont cantonnés sur des chemins balisés dont il est interdit de sortir, Red Rock canyon et ses environs est totalement ouvert et c'est à chacun de faire son propre cheminement au milieu des canyons, des falaises, des Joshua trees (Yucca brevifolia) et autres rochers. Durant l'hiver nous privilégions aussi le désert en tant que destination car c'est la seule période où il soit vraiment possible de s'y aventurer sans risquer le coup de chaud et la déshydratation.

Indian Wells vers Owens peak
Nous avions pour but d'explorer quelques sites afin de voir des pétroglyphes indiens et nous avions donc préparé notre voyage dans ce sens. Si les pétroglyphes eux-mêmes et leur histoire sont bien décrits sur Internet et dans un certain nombre de livres, le problème est que les auteurs gardent volontairement secrète leur localisation exacte afin de les protéger du vandalisme. Nous pensions tout de même, tel Indiana Jones, les trouver sans trop de problèmes ; la réalité du terrain fut toute autre...

La première journée fut consacrée à explorer les environs d'Indian Wells au nord de Red Rock Canyon, où deux sites de pétroglyphes assez spectaculaires sont répertoriés. 
Mortiers indiens creusés dans une dalle de granit
Indian Wells road est en fait une piste qui s enfonce dans la montagne et qui n'est pas toujours facile à emprunter. Nous avons d'ailleurs tapé le bas de caisse de la voiture et avons dû nous extraire de la piste un peu acrobatiquement. Arrivés au bout de la piste, nous avons exploré les environs et cherché les deux sites pendant plusieurs heures en terrain accidenté. Nous avons fait tout un tas d'hypothèses en essayant de repérer les traces des visiteurs et en tentant de se mettre à la place des indiens afin d'imaginer quel rocher aurait pu servir de support. La nuit arrivant, nous avons dû nous avouer vaincu et prendre le chemin du retour car nous n'avions pas vraiment envie de refaire la piste dans l'obscurité. En redescendant, Patricia fut tout de même très chanceuse en tombant par hasard sur une magnifique dalle de granit creusée de mortiers indiens. Nous avons d'ailleurs été très surpris, car d'après notre livre, les mortiers sont rares dans cette région et surtout, celui-ci n'est pas répertorié ! Ceci dit, même si nous nous sentions un peu frustrés de ne rien avoir trouvé, les paysages étaient somptueux et nous avons fait une superbe balade.

Fossil Fall
Le deuxième jour, nous sommes allés à Fossil Fall au nord de Little Lake sur la route 395. Il s'agit d'un site volcanique particulièrement impressionnant dans lequel une coulée de lave a été façonnée par les glaciers présents lors des dernières périodes glacières et dans laquelle une ancienne rivière aujourd'hui disparue, s'est frayée un chemin. C'est impressionnant à voir car quand on arrive on ne soupçonne la présence de cette gorge qui entaille littéralement la coulée de lave.

Il y a une dizaine de milliers d'années, l'eau coulait à flot et le climat étant doux, on imagine aisément que les indiens soient venus s'installer afin de profiter de l'eau, du gibier et sans doute aussi pour rêver au milieu de paysages magnifiques.

En marchant pour atteindre le bas de la cascade fossile, nous avons trouvé plusieurs sites avec de nombreux éclats d'obsidienne. Ne voyant pas de traces de veines d'obsidienne dans la région, nous supposons qu'il s'agit de traces d'anciens chantiers de taille d'outils ou de pointes de flèches indiens. Finalement en arrivant à la sortie du canyon, à l'endroit où on imagine que la rivière s'élargissait au milieu de la prairie, nous avons finalement trouvé de magnifiques pétroglyphes représentant des caprins.
Pétroglyphes en bas de Fossil Falls





























Nous avons par la suite, vu plusieurs autres gravures, mais bien moins nettes et sans savoir s'il s'agissait de pétroglyphes authentiques ou de simples graffitis récents.

Trona Pinnacles
Disposant encore de quelques heures, nous sommes aller voir le site de Trona Pinnacles situé au fond de l'ancien lac Searles, maintenant asséché. En fin d'après-midi, avec les lumières rasantes du couchant, le spectacle était époustouflant, d'autant plus que nous ne nous attendions pas du tout à voir des concrétions de tuf aussi imposantes, certaines d'entre-elles dépassent les 40 mètres et sont le résultat d'une ancienne activité thermale au fond du lac. Nous avons appris en lisant les panneaux explicatifs que le site avait servi de décor pour de nombreux films dont La Planète des Singes, Star Trek V ou encore Battlestar Galactica. On a effectivement l'impression d'être sur une autre planète et l'atmosphère est surréaliste.

Hagen Canyon
Enfin, pour le dernier jour, pas de voiture, nous sommes parti du camping pour faire tout le tour de Red Rock Canyon et revenir par Hagen Canyon. Dix bons kilomètres de marche, mais quelle splendeur, notamment Hagen Canyon qui offre une palette de couleur extraordinaire dans un paysage très minéral. 

Et puis comme nous n'en avions pas encore assez, nous avons terminé par Scenic Cliff juste de l'autre côté de la route.

Ce fut un long week-end de Thanksgiving bien rempli, nous sommes rentrés à San Francisco tout desséchés, mais ravis de notre périple. D'ailleurs nous avons déjà prévu de retourner à Red Rock Canyon l'an prochain et cette fois nous les trouverons ces Pétroglyphes, d'ailleurs ce sera beaucoup plus simple car nous avons découvert aujourd'hui qu'ils sont parfaitement repérés sur Google Earth ! Damned !
Scenic Cliff


Toutes les photos du voyages sont visibles ici

Biblio :
  • Rocks drawings of the Coso range - Campbell Grant et al. ISBN 9 780943 041001
  • Secret places in the Mojave desert Volume 1 et 2 - Death Valley Jim - Disponible sur Kindle - Voir : http://deathvalleyjim.com/ 

samedi 20 septembre 2014

Road trip vers Yellowstone

Le "road trip" est un concept qui prend tout son sens aux États-Unis. Cela peut paraître curieux de mettre en avant le voyage en voiture lorsque l'on prend des vacances, mais ici l'échelle du pays fait que l'on n'a pas d'autre choix que de rouler beaucoup pour se rendre d'un point à un autre, donc tant qu'à faire, autant prendre cela positivement, rouler confortablement et profiter des paysages somptueux.

Cet été, nous avons décidé de visiter le parc national de Yellowstone et ses environs et d'y retrouver Bastien et Laurie Gavroche qui faisaient un road trip de leur côté. San Francisco - Yellowstone, c'est 1500 km aller simple ; il faut traverser la Californie, puis le Nevada, puis un bon morceau de l'Idaho, pour finalement arriver dans le parc qui est à cheval sur le Wyoming, le Montana et l'Idaho.

Yellowstone, c'est un peu la mère de tous les parcs nationaux américains, c'est en effet le premier à avoir été créé en 1872, couvrant une superficie de 8983 km2 il est plus grand qu'un département français, il compte 1500 km de chemins de randonnée et plus de deux millions de visiteurs le visitent chaque année. Avant de séjourner dans le parc, nous étions quelque peu épatés que le congrès américains, sous l'impulsion de Ferdinand V. Hayden, aient eu la clairvoyance,  de créer une réserve naturelle pareille dès 1872. En fait nous sommes un peu tombés de haut quand nous avons appris que si le congrès a bien voté la loi créant le parc, rien n'a alors été prévu pour le faire fonctionner et encore moins pour protéger les populations indiennes qui vivaient là. Faute de mieux, c'est donc l'armée qui a été envoyée et les indiens Sheepeaters du peuple Shoshone furent priés de déguerpir. En 1877 la tribu des Nez Perce (natifs de l'Oregon), pourchassée par l'armée, traversa le parc en prenant au passage quelques touristes en otages dont deux furent tués. Plusieurs batailles eurent lieux à Yellowstone, la dernière eu lieu plus au nord, non loin de la frontière canadienne et le Chef Joseph se rendit finalement avec ses braves en prononçant les paroles suivantes :


Chief Joseph
"I am tired of fighting.  Our chiefs are killed.  Looking Glass is dead.  Toohulhulsote is dead.  The old men are all dead.  It is the young men who say yes or no. He who led the young men is dead. 
     It is cold and we have no blankets.  The little children are freezing to death.  My people, some of them, have run away to the hills and have no blankets, no food.  No one knows where they are--perhaps freezing to death.  I want to have time to look for my children and see how many I can find.  Maybe I shall find them among the dead. 
     Hear me, my chiefs.  I am tired.  My heart is sick and sad.  From where the sun now stands, I will fight no more forever. "

Bref, quasiment plus de trace d'indiens à Yellowstone et pas vraiment de prise de conscience de la part des américains !

Yellowstone est surtout connu pour son activité hydrothermale et notamment ses geysers. Il faut réaliser que le parc est essentiellement ce qui reste d'un gigantesque volcan (imaginez un seul volcan dont le cratère, nommé dans ce cas "caldeira", mesure 55 x 72 km), ce super volcan se situe au dessus d'un point chaud du globe, c'est à dire à proximité d'une chambre magmatique d'à peu près la même taille que la caldeira et qui remonte à seulement 16 km de la surface. Le volcan de Yellowstone est déjà entré en éruption plusieurs fois, avec notamment deux grosses éruptions explosives il y a 2.1 et 1.3 millions d'années. Les géologues savent que le volcan explosera encore, mais a priori pas avant au moins 10 000 ans, ce sera sans doute alors une catastrophe planétaire d'une puissance estimée à 1000 fois celle de l'éruption du Mont Saint Helens en 1980. Et en effet, ce qui frappe quand on visite Yellowstone, c'est que ça fume, ça glougloute, ça bulle, ça jaillit de partout, le tout avec un délicat fumet de souffre accompagné de relents d’œuf pourri ! J'adore :-)

Nous avions choisi de planter notre tente à Norris Campground au nord-ouest du parc. En visitant au mois d’août et malgré la météo assez mauvaise, nous avons eu un gros coup de chance de trouver un emplacement du premier coup. Comme dans la plupart des parcs américains, les campings sont magnifiques, situés en pleine nature, avec des emplacements immenses, une table et un bac pour faire du feu. Côté sanitaire c'est un peu spartiate, mais à Norris il y avait tout de même des lavabos (eau froide) et des toilettes "à flush" (luxe suprême) !

La fragilité extrême du site (il parait qu'une simple pierre jetée dans la bouche d'un geyser peut le rendre inactif) a entraîné la mise en oeuvre de contraintes drastiques afin de canaliser les millions de visiteurs annuels. Cela peut parfois sembler un peu frustrant de se trouver confiné sur des passerelles de bois, mais il faut reconnaître que c'est très bien fait et nous avons été vraiment admiratifs des efforts déployé pour à la fois protéger le site et le rendre accessible au plus grand nombre. Sur les routes, il y a des "turn out" partout afin de permettre au voitures de s'arrêter pour observer la faune sauvage.
Le geyser "Daisy"
Le plus connu des geysers de Yellowstone se nomme "Old Faithful" en raison de son caractère très prédictible, celui-ci entre en effet en éruption toutes les 90 minutes environ et la durée de la précédente éruption permet de connaitre assez précisément l'heure de survenue de la suivante. Autant dire que cela attire beaucoup de monde... à tel point que des gradins ont été installés autour du site. Mais il y a bien d'autres geysers dans le bassin de Old Faithful ou dans celui de Norris. Certains sont plus où moins prédictibles, avec parfois des incertitudes de plusieurs heures, d'autres ne le sont pas du tout... Nous avons été assez chanceux car nous avons pu voir une bonne dizaine d'éruptions et pour certaines nous nous trouvions juste là au bon moment, par hasard ! C'est très impressionnant d'observer ces jets d'eau et de vapeur mêlée qui montent à 20 ou 30 m puis qui s'arrêtent brusquement après quelques dizaines de minutes ou même plusieurs heures pour certains.
Nous avons eu aussi la chance de voir jusqu'à trois éruptions simultanément, on ne sait alors plus où donner de la tête et on a un peu l'impression d'être sur une autre planète.
La fontaine "Morning Glory" dans le bassin de Old Faithful



Si les geysers offrent le spectacle le plus impressionnant, nous avons aussi été époustouflés par la beauté des fontaines, c'est à dire des résurgences d'eau souterraine qui prennent de multiples couleurs. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce ne sont pas des oxydes qui sont à l'origine des couleurs, mais des bactéries thermophiles qui se nourrissent du souffre présent dans l'eau, la couleur des dépôts qui bordent les fontaines est liée à la température de l'eau, certaines bactéries peuvent survivre à des températures supérieures à 80o, on parle alors d'extrêmophiles.
Le "Grand Prismatic"
la digestion du souffre par les bactéries est à l'origine de l'odeur d’œuf pourri omniprésente et s'accompagne d'une production d'acide sulfurique qui à certains endroits, dissout la roche et forme des marmites bouillantes de boues. La fontaine la plus connue est certainement le "Grand Prismatic", mais il y en a plein d'autres à Yellowstone et les couleurs sont tout simplement incroyables ! Le soleil n'était pas vraiment au rendez-vous, mais le ciel nuageux donnait un petit côté "dramatique" au paysage.


Toujours dans le domaine "thermal", les terrasses de "Mammoth" au nord du parc, offrent encore un autre spectacle, il s'agit de fontaines dont l'eau dégouline le long de falaises et dont les dépôts forment des sortes de terrasses qui sont soit très colorées si la fontaine est active, soit tout en nuances de gris lorsque l'eau s'est tarie. 
Mammoth Terraces
En parcourant cet endroit on réalise à quel point tout ici est actif ; certaines terrasses, aujourd'hui sèches et grises étaient encore bien actives et colorées il y a quelques dizaines d'années, alors qu'à d'autres endroits, on voit bien que des sources brûlantes viennent juste de jaillir ou changer de cours en empoisonnant et en brûlant bon nombre d'arbres.


"Lower Fall" dans le canyon de Yellowstone
Yellowstone c'est aussi le nom de la rivière qui traverse une partie du parc et qui forme un canyon très profond avec des chutes d'eau impressionnantes.
Il est possible de se rapprocher du bord de la chute principale - "Lower Fall" - en empruntant le chemin de "l'Oncle Tom", en hommage à Tom Richardson qui  dans les années 1900 emmenait les touristes aventureux au fond du canyon, via un escalier de 528 marches, des échelles et des cordes. Aujourd'hui l'escalier compte 200 marches de moins (il s'arrête à la cascade), mais on les sent bien lorsqu'il faut les remonter alors que tout cela se situe vers 2500 m d'altitude.
"Upper Fall comme son nom l'indique se situe un peu en amont, et bien que moins vertigineuse, reste très impressionnante par son débit et sa puissance.
Pronghorn

Enfin, Yellowstone c'est aussi une réserve d'animaux sauvages. Nous espérions voir des élans ("Moose" aux États-Unis, mais nous avons appris que suite au gigantesque incendie de 1988, l'essentiel des arbres qui fournissaient leur nourriture ayant brûlés, ceux-ci ont en grande partie quittés le parc. Yellowstone reste un refuge pour les bisons qui ont été sauvés in extremis des grands massacres perpétrés par quelques pseudo-chasseurs du 19ème siècle. Nous avons pu voir quelques beaux spécimens et des troupeaux impressionnants. Nous avons aussi vu des coyotes, des marmottes à ventre jaune, bon nombre de cervidés et des "Pronghorns", la seule espèce d'antilope vivant sur le continent américain. Nous n'avons vu ni loups, ni ours (ours noirs et Grizzlis) pourtant assez communs dans le parc. 
Sur le chemin du retour nous avons fait une étape de camping à "Grand Teton National Park" au sud de Yellowstone. C'est une zone montagneuse assez élevée (la montagne "Grand Teton" culmine à plus de 4000 m) qui rappelle un peu les Alpes et qui s'étend le long de la "Snake River". Les pentes des montagnes tombent littéralement dans une succession de lacs, ce qui donne des paysages absolument splendides.
Jenny Lake à Grand Teton National Park
Après tout se périple, nous sommes rentrés en passant par "Craters of the Moon", un parc volcanique tout à fait étonnant et splendide, situé dans une zone où le point chaud qui est maintenant sous Yellowstone, a provoqué par le passé plusieurs éruptions majeures. Le parc est une véritable encyclopédie de géologie à ciel ouvert. Nous n'avions que peu de temps malheureusement mais nous y retournerons.
Craters of the Moon

Et pour finir en beauté, nous avons traversé une partie du Nevada par la "Midas-Tuscarora county road", 90 miles de route de poussière, seuls en pleine nature, extraordinaire !
Heureux(se) au milieu du Nevada


Liens vers nos photos :


















dimanche 8 juin 2014

Promenade dominicale San-Franciscaine

Lorsque j'accompagne Patricia qui va à la messe à Notre-Dame des Victoires dans le quartier français en bas de Bush Street, j'en profite pour me promener selon un itinéraire quasi-immuable qui me permet d'apprécier plusieurs facettes de San-Francisco. 

À une centaine de mètres de NDV se trouve la porte d'entrée du quartier chinois sur Grant Avenue, du moins de la partie touristique du quartier chinois, la rue est pleine de magasins à touriste vendant tous plus où moins les mêmes bricoles : tee-shirts, statuettes, appareils photos et objectifs à prix attrape gogo... Malgré le côté "touriste" j'aime bien passer par là, car le décor est sympa et met dans l'ambiance. Les noms des rues sont sous-titrés chinois et il y a quelques belles façades et fresques.

Aux coins des rues, des joueurs de huqin (instrument de musique à deux cordes) jouent des morceaux traditionnels, et parfois aussi des adaptations assez curieuses d'airs occidentaux du genre "I wish you a Merry Chrismas", l'effet est étonnant... 

Je traverse California Street avec le bruit caractéristique des câbles du Cable Car qui passent dans des rigoles. California monte raide à gauche et il y a une belle vue sur les gratte-ciel de Financial District à droite.

Bien vite je prends Clay ou Jackson sur la gauche afin de gagner le vrai quartier

chinois, celui qui s'étend sur quelques blocs de maisons le long et autour de Stockton Street. Je passe devant plusieurs pharmacies / herboristes et quelques bâtiments intéressants. Il y a quelques années on entendait le "clic-clic" des jetons de mah-jong, mais curieusement ceci semble avoir disparu. Quand on arrive dans Stockton on est est vraiment en Chine ; une foule incroyable se bouscule sur les trottoirs. Ce qui frappe se sont toutes les "mamies" chinoises qui font leur marché, les étals de fruits et légumes de toutes sortes, les étiquettes écrites en chinois, les petits commerçants accroupis dans la rue devant quelques paniers de fruits... on est vraiment en Chine


Le plus étonnant est de rentrer dans les poissonneries, on y découvre une multitude de sorte de poissons, mais aussi des crapauds et des tortues, le plus souvent bien vivants et que les "mamies" chinoises soupèsent et tâtent pour s'assurer qu'ils sont "à point". Il faut parfois avoir le cœur bien accroché, tant cela s'écarte des références occidentales. Pas de photo ici, ce n'est pas du spectacle, c'est la vie des gens...

Je continue sur Stockton et sur une centaine de mètres, les boutiques deviennent de moins en moins chinoises, je suis juste à la jonction avec le quartier italien. Changement de décor, changement de population... la transition est brutale...

Le quartier italien, c'est aussi celui des boîtes à striptease et des salons de "massage". Peu de magasins ici, surtout des restaurants et des bars. Le dimanche vers midi, il y a souvent une belle luminosité, une certaine nonchalance méridionale, c'est sympa, on se sent bien.

Je marche et très vite j'arrive sur Financial District, quartier des banques et des affaires. La transition est encore une fois étonnante, l'un des plus vieux (si ce n'est le plus vieux) immeubles de San-Francisco, couvert de cuivre verdi, tranche avec la blancheur de la Transamerica Pyramid. 

Quelques pas encore et la luminosité diminue nettement en raison des gratte-ciel qui masquent le soleil. Je passe devant la Wells-Fargo, celle de la diligence de Lucky-Luke et devenue maintenant l'une des plus grandes banques américaines. Une diligence décore le hall d'accueil dans lequel il n'y a pas âme qui vive en dehors du gardien derrière son comptoir qui doit s'ennuyer grave...

D'une manière générale, il n'y a pas grand monde ici le dimanche, quelques rares bistros  sont malgré tout ouverts pour quelques clients qui s'affairent sur leur Mac tout en avalant leur brunch.

Je re-traverse California Street en regardant les perspectives géométriques qu'offrent les immeubles. 

J'aime particulièrement les façades qui se réfléchissent les unes sur les autres. On se sent petit, tout petit... et quelque peu oppressé. Il parait qu'en cas de tremblement de terre majeur, il y aurait un bon mètre de verre dans les rues de Financial District ! J'accélère le pas...

Ça doit être l'Eucharistie... il est temps de rentrer. Je pousse quand même jusqu'à Market Street car j'entends une sorte de chant assez curieux.
C'est la communauté Sikh qui attire l'attention du public sur le massacre d'Amritsar, non pas celui dont parle Wikipedia et qui met en cause l'armée britannique, mais un autre qui aurait eu lieu du 3 au 6 juin 1984 quand l'armée indienne a attaqué le Temple d'Or à Amritsar. J'avoue ne jamais en avoir entendu parler, mais je vais me renseigner...

Les gens sont habillés de couleurs vives, presque fluo. C'est bon enfant, on distribue des plats indiens, des boissons et des tracts...


Cette fois, la messe est dite, il est vraiment temps de faire demi-tour, j'attendrai Patricia dans le bar du quartier français : "Le Rouge et Blanc" dont l'un des éléments de déco est un tee-shirt Intermarché "Les Mousquetaires" encadré au mur ! 

Voici San-Francisco dans toute sa diversité architecturale et humaine...

lundi 5 mai 2014

The Water farm feeds the nation

"La ferme Water nourrit la nation"... Il y a 15 ans, nous avions été surpris de voir des panneaux portant cette inscription le long de l'autoroute 5 qui traverse la Vallée Centrale entre San Francisco et Los Angeles. Au premier panneau, nous nous étions dit que ces sacrés américains avait tout de même tendance à exagérer ; une seule ferme qui nourrit la nation... allons donc ! Lorsque 100 miles plus loin nous nous sommes rendu compte que nous étions toujours au milieu de la ferme Water, nous avons commencé à nous dire qu'effectivement la ferme Water devait vraiment nourrir la nation et encore 100 miles plus loin, nous en étions persuadés ! Nous en avions déduit à l'époque, que la Vallée Centrale, coincée entre les petites montagnes qui bordent l'océan et la Sierra Nevada, était une région extrêmement fertile. Ce que nous ne savions pas c'est que la ferme Water portait bien son nom...

En refaisant la même route maintenant, nous nous sommes rendu compte que beaucoup des champs qui couvraient la vallée à perte de vue ont disparu, remplacés par d'immenses champs de poussière (ici, les gens appellent cela des "dust bowl")
Les fières annonces de la ferme Water ont laissé la place à des panneaux de protestation que nous n'avons pas vraiment compris sur le coup. 

Pour comprendre, il suffit de consulter une carte et de regarder où se trouve l'eau en Californie. On se rend compte que les grosses rivières ; l'American River et la Sacramento River se trouvent au nord. La Sacramento River se déverse dans la baie de San Francisco via un somptueux delta, alors qu'au sud, donc vers la Vallée Centrale, "nada !", il n'y a quasiment pas d'eau ! De plus, le taux d'évaporation dépassant largement les maigres précipitations annuelles (150 mm dans la partie sud de la vallée), il faut se rendre à l'évidence ; la Vallée Centrale californienne devrait normalement être un désert. Ce n'est qu'à grand renfort de barrages et d'aqueducs que la vallée est maintenue fertile. Et tant qu'à faire puisque l'eau coulait à flot, les agriculteurs se sont lancés dans des cultures nécessitant beaucoup d'eau, c'est donc ainsi qu'au milieu de ce qui devrait être un désert, on trouve des amandiers, du coton et même du riz ! Malheureusement, le climat évoluant, plusieurs années de sécheresse sont venues à bout des possibilités d'irrigation, contraignant les agriculteurs à mettre des terrains en jachère et à faire des investissements massifs dans des techniques d'irrigation économes. 

Actuellement la situation ne fait qu'empirer et la colère monte. Les agriculteurs touchés, soutenus par les élus républicains ne comprennent pas que pour des raisons écologiques, on ne puise pas plus dans la Sacramento River. Ils ont d'ailleurs adopté le slogan : "les hommes avant les poissons" ! D'autres, pragmatiques et financiers, font remarquer que bien que la ferme Water nourrisse la nation, la part de l'agriculture de la Central Valley au PIB de la Californie ne représente que quelques pour-cents et que donc, les agriculteurs n'ont qu'à trouver une autre occupation !

Le problème est en fait très complexe, car la répartition de l'eau en Californie n'est pas équitable en raison de lois anciennes que personne n'ose abroger. La première règle stipule que les "pueblos" c'est à dire les toutes premières colonies datant des gouvernements espagnols et mexicains, disposent  d'un accès prioritaire à l'eau se trouvant en surface où dans les nappes phréatiques. La règle des riverains ("riparians") donne le droit à ceux-ci de puiser et de détourner l'eau qui passe par chez eux. Les pionniers devenus propriétaires ont une sorte de droit ancestral pour puiser autant d'eau qu'il le souhaite. Cette règle, mise au goût du jour, donne à ces personnes une priorité sur le système de distribution d'eau, mais comme ce droit peut-être retiré s'il n'est pas utilisé, il semble que les propriétaires concernés n'hésitent pas à faire un gaspillage phénoménal afin de préserver leur privilège. J'ai entendu dire que l'acre-foot (!!!) c'est à dire environ 1200 m3, ne leur coûte que quelques dollars alors que les "nouveaux propriétaires" n'ont parfois pas d'eau du tout. Les avocats étant des rois aux États-Unis, je vous laisse imaginer l’enchaînement des procès, appels, pourvois, etc.

Un autre effet de l'irrigation aberrante a été de laver les sols chargés de toutes sortes de sels minéraux, entraînant une forte pollution des nappes phréatiques notamment par le Sélénium.

Un projet pharaonique consistant en deux tunnels de 56 km de long et de 12 m de diamètre est actuellement très débattu, il s'agit de détourner une partie de la Sacramento river et de l'acheminer dans la Vallée Centrale en passant sous le delta. Cet ouvrage d'un coût de 15 milliards de dollars aurait la capacité d'assécher totalement la Sacramento river. Bien entendu, partisans et opposants s'affrontent et personnellement, je me demande si le but inavouable d'un tel projet ne serait pas plutôt d'amener les énormes quantités d'eau nécessaire à la fracturation hydraulique des schistes très présents dans cette région. Il est en effet courant de voir des puits de pétrole au milieu des champs de coton et certains agriculteurs sont aussi des prospecteurs !


Bon Tempe Lake - L'une des nombreuses réserves d'eau potable de
San Francisco
Quant à San Francisco, je suis toujours impressionné par le nombre de barrages qui ont été construits afin de créer de gigantesques réserves d'eau potables et j'ai le sentiment que la pénurie n'est pas pour demain...

Je tiens à préciser que ceci est ma compréhension du problème, c'est en fait tellement compliqué et tellement "américain" qu'il est possible, voire probable qu'il y ait quelques inexactitudes dans le récit.

samedi 29 mars 2014

The Rock

"Break the rules and you go to prison, break the prison rules and you go to Alcatraz". Ce sont les mots inscrits sur une affiche visible au début de la visite du bâtiment des cellules de la célèbre prison. En bref Alcatraz était la prison réservée aux durs des durs, et notamment à ceux qui avaient tenté de s'échapper des prisons classiques. Le plus célèbre de ses prisonniers fut certainement Al Capone dit "Scarface", d'autres moins connus du public portaient les surnoms évocateurs de "Creepy Karpis", "Machine Gun Kelly" ou encore "Birdman"... 

L'île d'Alcatraz (The Rock) se trouve au milieu de la baie de San Francisco, on la rejoint en une petite demi-heure de bateau depuis Pier 33. C'est une attraction touristique très courue et il faut réserver bien à l'avance pour avoir de la place.

Alcatraz vue depuis le bateau
La traversée offre une vue magnifique sur la ville et sur l'ensemble de la baie. En débarquant on ne peut s'empêcher de penser aux nouveaux prisonniers arrivant dans cet endroit où les seuls droits des détenus étaient d'être habillés, abrités, nourris et soignés. Tout le reste n'étaient que privilèges accordés au bon vouloir des gardiens et après des années de "bon" comportement.

On peut se dire que visiter une prison, voir des cellules vides, un réfectoire, une cour de récréation cernée de miradors où une infirmerie vide, n'est pas des plus passionnant, mais c'est tout l'inverse, l'audio-guide est très bien fait et en passant de salles en cellules et de cellules en couloirs, c'est une véritable aventure humaine qui est contée, celle de la coexistence des détenus, de leurs gardiens et même des familles du personnel qui vivait là.
Une cellule
Insouciance des enfants, heureux parait-il de vivre sur une île et de prendre le bateau chaque jour pour aller à l'école. Quel était le plus difficile à supporter pour les prisonniers ? Les cellules minuscules et sans intimité d'aucune sorte ? Le danger de prendre un mauvais coup de la part des autres détenus dont certains étaient des psychopathes avérés ? La perspective de passer des semaines, des mois où des années en isolement total dans le fameux bloc D dont une partie des cellules pouvait être totalement plongée dans le noir ? Où peut-être était-ce d'être si proche de la liberté, à juste quelques kilomètres de la ville qui brillait de mille feux et dont la clameur s'entendait parfois depuis l'île ?

Au fil de la visite, on se prend presque de sympathie pour certains de ces détenus qui étaient pourtant le plus souvent de fieffé salauds et on se dit aussi que l'histoire racontée par l'audio-guide est peut-être trop belle où trop édulcorée.

Et puis bien sûr, il y a l'évasion rocambolesque de ces trois détenus (en fait il y en avait quatre, mais le quatrième n'a pas réussi à rejoindre les autres) qui ont agrandit la bouche d'aération en bas de leur cellule afin de se glisser dans un espace technique donnant accès au toit du bâtiment.

La cour de récréation
L'ingéniosité déployée pour tromper les gardes et préparer les conditions de l'évasion laisse pantois : réalisation de fausses têtes pour faire croire que les protagonistes dormaient tranquillement durant l'évasion, fabrication de radeaux gonflables à partir de vestes imperméables en caoutchouc, bricolages de toutes sortes et même mise en oeuvre d'un véritable atelier clandestin au dessus des cellules. Des mois de préparation sans que personne ne note quoi que ce soit d'anormal... L'histoire est contée dans le film "L'évadé d'Alcatraz" avec Clint Eastwood, le film prend quelques libertés avec la réalité, mais il est tourné dans la prison et on retrouve bien les différents lieux vus lors de la visite. Ce fut la seule évasion où les fuyards ne furent jamais retrouvés, la thèse officielle est qu'ils se sont noyés dans la baie, mais il subsiste un doute... Une reconstitution a été faite et est très bien relatée dans un documentaire du Smithsonian channel ; il semble qu'en effet, vus les courants de marée et le vent qui soufflait ce jour là, la traversée vers Angel Island était impossible.

La prison d'Alcatraz fut fermée en 1963 après 29 ans de service, non parce qu'elle était considérée comme trop inhumaine, mais parce qu'elle coûtait trop cher !
San Francisco vue depuis le bateau en revenant d'Alcatraz

mercredi 15 janvier 2014

Petit guide pour le touriste amené à conduire en Californie

Tout touriste français débarquant à San Francisco et amené à conduire, a toujours une certaine appréhension en montant dans le train automatique qui le conduit de l'aéroport jusqu'à l'immense bâtiment dans lequel se trouve les loueurs de voitures. En effet, les séries et les films américains nous ont marqués avec des images d'autoroutes très larges et d'échangeurs gigantesques, le tout agrémenté par une circulation très dense et par le passage de voitures de police où de pompiers fonçant toutes sirènes hurlantes... alors qu'en fait, dans la réalité... c'est... exactement cela ! Mais ça se passe généralement très bien, les indications sont claires et le fait que tout le monde roule à peu près à la même vitesse, qui est bien moins élevée qu'en France, donne une impression de sécurité et de confort bien agréable.

Avant de prendre le volant il est toutefois bon de connaître quelques petites particularités du code de la route ou des habitudes de conduite locale... Ceci peut éviter quelques désagréments.

La première chose à savoir est que 90% du parc automobile est constitué de voitures à transmissions automatiques, inutile donc de chercher à louer une manuelle, c'est quasi-introuvable et surtout beaucoup plus cher. Une fois que l'on a essayé, on y prend vite goût, mais les premiers kilomètres sont parfois un peu rude, surtout après 11h de vol et avec 9h de décalage horaire. Donc, on colle son pied gauche le plus loin possible de la pédale de frein et on fait en sorte de ne plus le bouger. La grosse gaffe, c'est d'essayer d'enclencher la 3ème quand on accélère pour rentrer sur l'autoroute. Généralement, dans son élan, le pied gauche rencontre la pédale de frein. Quant au levier de vitesse, au mieux il se retrouve au point mort (Neutral). Très désagréable... mais ça réveille !

Deuxième gaffe (ça m'est arrivé) : sortir de la voiture pour attraper quelque chose en laissant le levier de vitesse sur "Drive", la voiture avance alors toute seule... sans vous...

Bon ça y est... vous êtes à l'aise avec la boîte automatique et vous savez maintenant qu'il est impossible de retirer la clé de contact tant que le levier n'est pas sur "Parking"... les choses sérieuses commencent...

Sur l'autoroute on peu rouler dans la file de son choix et doubler à droite comme à gauche, l'utilisation du rétroviseur est donc hautement conseillée, sauf que les files étant plus larges que chez nous, les véhicules derrières vous peuvent rester dans un angle mort beaucoup plus longtemps et on ne les voit qu'au dernier moment quand on commence à déboîter. Le manuel du code de la route californien insiste beaucoup sur la nécessité de regarder par dessus son épaule pour s'assurer que la voie est libre. La plupart des accidents que nous avons vu sur les autoroutes étaient visiblement consécutifs à des changement de files mal contrôlés.

En ville, les "4 stops" sont une spécialité américaine un peu déroutante au premier abord ; il s'agit de carrefours de quatre rues ayant toutes un stop. Arrêt obligatoire, puis chaque voiture passe chacune à son tour dans l'ordre d'arrivée, et gare à vous si vous manquez votre tour, cela désoriente les autres conducteurs et plus personne ne sait quand passer... d'où klaxon et énervement...

Les feux rouges sont toujours positionnés de l'autre côté du carrefour par rapport à vous. Comme indiqué dans le Guide du Routard, c'est un concept que l'on assimile très vite après s'être trompé une fois et s'être arrêté juste devant le feu rouge, c'est à dire au milieu du carrefour !

Les américains et peut-être encore plus les américaines sont très intolérants par rapport aux petites fautes que l'on peut faire en conduisant, ne soyez donc pas surpris et pas trop choqué si une dame baisse sa vitre et vous traite de "ass hole" qui est l'équivalent de notre "connard" bien français.

En Californie, à moins qu'il y ait une indication contraire, il est autorisé de tourner à droite lorsque le feu est rouge. Cela donne au touriste une délicieuse sensation  de violer un interdit, mais gare au retour en France : "j'vous  jure monsieur l'agent, je reviens de San Francisco..."

Il y a deux choses à savoir qui ne sont pas évidentes et qui vous expose vraiment à un "ticket" : 
  • Dans une rue en pente, même modérée, il faut braquer ses roues de manière à ce que la voiture se bloque si les freins lâchent. Quand vous aurez visité San Francisco vous comprendrez pourquoi les policiers sont intransigeants sur l'application de cette règle. Donc, le long d'un trottoir si la rue monte, on braque ses roues vers la rue, si la rue descend on braque vers le trottoir.
  • La deuxième chose concerne les bus de transport scolaire, vous savez les trucs hors d'âge peint en jaune... Quand un bus fait flasher ses feux rouges, ils faut impérativement s'arrêter, que vous suiviez le bus ou que vous arriviez en face.

Les piétons sont toujours prioritaires, même s'ils traversent à un carrefour non équipé d'un passage protégé, et cette règle est respectée !

Ne soyez pas surpris non plus de voir écrit sur la route "Ped Xing" il ne s'agit pas de chinois... c'est l’abréviation de "Pedestrian Crossing" (le X représentant une croix qui se dit "Cross"...) c'est l'équivalent d'un passage protégé, mais sur une zone plus étendue.

Ah ! et un dernier conseil, si malgré tout vous êtes arrêtés par la Highway Patrol, rangez-vous sur le bord de l'autoroute, baissez votre vitre, ne sortez surtout pas de la voiture et laisser les mains sur le volant. Demandez également aux passagers de laisser leurs mains bien visibles. N'oubliez pas que nous sommes aux États-Unis et que la police suppose que vous êtes armés.. le problème c'est que eux aussi le sont !

  


dimanche 5 janvier 2014

Death Valley

Patricia et moi aimons beaucoup l'ambiance particulière et les paysages minéraux du désert. Après avoir été à Red Rock Canyon durant le week-end de Thanksgiving, nous sommes allés passer quelques jours dans la Vallée de la Mort. Death Valley se situe au sud-est de San Francisco dans la direction de Las Vegas. C'est un trajet de 850 km durant lequel on traverse la "Central Valley" et ses immenses champs et vergers, parsemés de puits de pétrole, on oblique ensuite vers l'est pour contourner la Sierra Nevada et on remonte au nord en traversant le désert Mojave
Death Valley aux environs de Bad Water, son point le plus bas
Il ne faut pas imaginer Death Valley comme étant une petite vallée perdue, c'est en réalité quasiment aussi grand que trois fois la Haute-Savoie ! Death Valley est l'endroit le plus bas d'Amérique du Nord (86 mètres sous le niveau de la mer) et le plus chaud de la planète (57 degrés Celsius enregistrés à Furnace Creek en 1913 et 94 degrés Celsius pour la température du sol). L'extrême sécheresse qui peut atteindre 4% d'humidité relative, et la chaleur intense sont dues à la situation géographique de la vallée, coincée entre de très hautes montagnes qui bloquent l'humidité venue de l'océan.

Avant d'atteindre Death Valley, il faut d'abord passer un premier massif montagneux, traverser la Panamint Valley (sorte de Death Valley bis mais un peu plus haute), puis repasser un massif montagneux avant d'atteindre Stovepipe Wells puis Furnace Creek ou nous avions décidé de planter notre tente. Comme dans tous les parc nationaux, les places de campings sont immenses, relativement peu chères (14$ la nuit) et ici, suprême luxe, les toilettes sont munies de chasses d'eau (normalement ce type de camping est équipé de toilettes sèches) !

Furnace Creek est un minuscule lieu-dit, organisé pour le tourisme et, à l'image de l'Amérique, plus fort que la nature ; on a beau être au milieu du désert, les palmiers poussent et les golfs des hôtels de luxe verdoient ! Je ne sais pas quelles rivières ont été détournées mais il est certain que ce n'est pas l'eau de la vallée de la mort qui alimentent les robinets, vu qu'il n'y en a point !

Entre Golden Canyon et Zabriskie Point
Les endroits très touristiques comme "Devil's golf course" où "Bad Water", le point le plus bas de la vallée, méritent le détour car les concrétions salines et les grandes étendues toutes blanches sont très étonnantes, mais c'est vraiment dans l'exploration des nombreux canyons que l'on découvre les plus beaux paysages.

La balade entre Golden Canyon et Zabriskie Point offre des paysages à couper le souffle. Les couleurs notamment sont d'une diversité incroyable. On a du mal a trouver une structure organisée dans la géologie du lieu, on a vraiment l'impression que tous les matériaux ont été jeté en vrac puis plissé dans tous les sens.

Salt Creek
Malgré l'aridité du lieu, il y a tout de même un peu d'eau dans la Vallée de la Mort, la balade "documentée" ("interpretive trail") autour du ruisseau de Salt Creek est très intéressante et montre comment la vie s'est adaptée à des conditions extrêmes, un poisson, le Pupfish arrive à survivre dans les quelques mares extrêmement salées qui subsistent durant l'été. Quelques oiseaux, lézards, fourmis, etc. sont également visibles et s’accommodent de l'environnement pour hostile qu'il soit. 


Quand on visite Death Valley en plein hiver, en touristes bien équipés, on ne peut s'empêcher de penser aux pionniers qui se sont retrouvés là avec leurs chariots après avoir déjà surmonté bien des difficultés. On imagine le découragement de se retrouver face à cette fournaise et face à ces immensités infranchissables. J'imagine que quelques aventuriers ont dû explorer canyons après canyons pour trouver les passages et découvrir l'unique point d'eau potable à Stovepipe Wells, ainsi nommé car un tuyau de poêle avait été fiché en terre afin de repérer le puits qui se trouvait régulièrement recouvert par le sable. Les éclaireurs ont dû par la suite devenir des passeurs aidant les convois à franchir la vallée contre rémunération... Je ne sais pas si des historiens ou chercheurs d'histoires se sont penchés sur le sujet, mais je suis persuadé qu'il doit y avoir là de belle tranches de vie à découvrir.

Entrée d'une mine de borax près de Zabriskie point
La cupidité des hommes a aussi trouvé dans la Vallée de la Mort un terrain où s'exprimer, les sels minéraux déposés au cours des siècles contenait du borax où borate de sodium, composé ayant de multiples usages et vendu fort cher. De nombreuses mines furent creusées et exploitées par des ouvriers chinois maintenus en semi-esclavage et d'énormes fours à charbon de bois furent installés dans les montagnes environnantes afin de fournir l'énergie nécessaire à la purification du borax. Le borax lui même était acheminé dans des chariots tirés par une vingtaines de mules. Cette exploitation ne dura que quelques années mais de nombreuses entrées de mines sont encore visibles aujourd'hui et il n'est pas recommandé de s'y aventurer.

Nous avons refait une partie du trajet des pionniers en sortant de la vallée par Emigrant Pass. Là encore le contraste est saisissant car en moins de trente minute on sort du désert et on se retrouve dans la neige ! Pensée encore pour les pionniers...

Nous avons finalement terminé notre périple an passant dans Panamint Valley et en allant visiter le village quasi-fantôme de Ballarat avec son magasin, bistrot, musée tenu par le dernier habitant, personnage haut en couleur, heureux d'être l'ultime témoin d'une époque maintenant révolue.
Ballarat


























Toutes les photos sont visibles ici.