mercredi 15 janvier 2014

Petit guide pour le touriste amené à conduire en Californie

Tout touriste français débarquant à San Francisco et amené à conduire, a toujours une certaine appréhension en montant dans le train automatique qui le conduit de l'aéroport jusqu'à l'immense bâtiment dans lequel se trouve les loueurs de voitures. En effet, les séries et les films américains nous ont marqués avec des images d'autoroutes très larges et d'échangeurs gigantesques, le tout agrémenté par une circulation très dense et par le passage de voitures de police où de pompiers fonçant toutes sirènes hurlantes... alors qu'en fait, dans la réalité... c'est... exactement cela ! Mais ça se passe généralement très bien, les indications sont claires et le fait que tout le monde roule à peu près à la même vitesse, qui est bien moins élevée qu'en France, donne une impression de sécurité et de confort bien agréable.

Avant de prendre le volant il est toutefois bon de connaître quelques petites particularités du code de la route ou des habitudes de conduite locale... Ceci peut éviter quelques désagréments.

La première chose à savoir est que 90% du parc automobile est constitué de voitures à transmissions automatiques, inutile donc de chercher à louer une manuelle, c'est quasi-introuvable et surtout beaucoup plus cher. Une fois que l'on a essayé, on y prend vite goût, mais les premiers kilomètres sont parfois un peu rude, surtout après 11h de vol et avec 9h de décalage horaire. Donc, on colle son pied gauche le plus loin possible de la pédale de frein et on fait en sorte de ne plus le bouger. La grosse gaffe, c'est d'essayer d'enclencher la 3ème quand on accélère pour rentrer sur l'autoroute. Généralement, dans son élan, le pied gauche rencontre la pédale de frein. Quant au levier de vitesse, au mieux il se retrouve au point mort (Neutral). Très désagréable... mais ça réveille !

Deuxième gaffe (ça m'est arrivé) : sortir de la voiture pour attraper quelque chose en laissant le levier de vitesse sur "Drive", la voiture avance alors toute seule... sans vous...

Bon ça y est... vous êtes à l'aise avec la boîte automatique et vous savez maintenant qu'il est impossible de retirer la clé de contact tant que le levier n'est pas sur "Parking"... les choses sérieuses commencent...

Sur l'autoroute on peu rouler dans la file de son choix et doubler à droite comme à gauche, l'utilisation du rétroviseur est donc hautement conseillée, sauf que les files étant plus larges que chez nous, les véhicules derrières vous peuvent rester dans un angle mort beaucoup plus longtemps et on ne les voit qu'au dernier moment quand on commence à déboîter. Le manuel du code de la route californien insiste beaucoup sur la nécessité de regarder par dessus son épaule pour s'assurer que la voie est libre. La plupart des accidents que nous avons vu sur les autoroutes étaient visiblement consécutifs à des changement de files mal contrôlés.

En ville, les "4 stops" sont une spécialité américaine un peu déroutante au premier abord ; il s'agit de carrefours de quatre rues ayant toutes un stop. Arrêt obligatoire, puis chaque voiture passe chacune à son tour dans l'ordre d'arrivée, et gare à vous si vous manquez votre tour, cela désoriente les autres conducteurs et plus personne ne sait quand passer... d'où klaxon et énervement...

Les feux rouges sont toujours positionnés de l'autre côté du carrefour par rapport à vous. Comme indiqué dans le Guide du Routard, c'est un concept que l'on assimile très vite après s'être trompé une fois et s'être arrêté juste devant le feu rouge, c'est à dire au milieu du carrefour !

Les américains et peut-être encore plus les américaines sont très intolérants par rapport aux petites fautes que l'on peut faire en conduisant, ne soyez donc pas surpris et pas trop choqué si une dame baisse sa vitre et vous traite de "ass hole" qui est l'équivalent de notre "connard" bien français.

En Californie, à moins qu'il y ait une indication contraire, il est autorisé de tourner à droite lorsque le feu est rouge. Cela donne au touriste une délicieuse sensation  de violer un interdit, mais gare au retour en France : "j'vous  jure monsieur l'agent, je reviens de San Francisco..."

Il y a deux choses à savoir qui ne sont pas évidentes et qui vous expose vraiment à un "ticket" : 
  • Dans une rue en pente, même modérée, il faut braquer ses roues de manière à ce que la voiture se bloque si les freins lâchent. Quand vous aurez visité San Francisco vous comprendrez pourquoi les policiers sont intransigeants sur l'application de cette règle. Donc, le long d'un trottoir si la rue monte, on braque ses roues vers la rue, si la rue descend on braque vers le trottoir.
  • La deuxième chose concerne les bus de transport scolaire, vous savez les trucs hors d'âge peint en jaune... Quand un bus fait flasher ses feux rouges, ils faut impérativement s'arrêter, que vous suiviez le bus ou que vous arriviez en face.

Les piétons sont toujours prioritaires, même s'ils traversent à un carrefour non équipé d'un passage protégé, et cette règle est respectée !

Ne soyez pas surpris non plus de voir écrit sur la route "Ped Xing" il ne s'agit pas de chinois... c'est l’abréviation de "Pedestrian Crossing" (le X représentant une croix qui se dit "Cross"...) c'est l'équivalent d'un passage protégé, mais sur une zone plus étendue.

Ah ! et un dernier conseil, si malgré tout vous êtes arrêtés par la Highway Patrol, rangez-vous sur le bord de l'autoroute, baissez votre vitre, ne sortez surtout pas de la voiture et laisser les mains sur le volant. Demandez également aux passagers de laisser leurs mains bien visibles. N'oubliez pas que nous sommes aux États-Unis et que la police suppose que vous êtes armés.. le problème c'est que eux aussi le sont !

  


dimanche 5 janvier 2014

Death Valley

Patricia et moi aimons beaucoup l'ambiance particulière et les paysages minéraux du désert. Après avoir été à Red Rock Canyon durant le week-end de Thanksgiving, nous sommes allés passer quelques jours dans la Vallée de la Mort. Death Valley se situe au sud-est de San Francisco dans la direction de Las Vegas. C'est un trajet de 850 km durant lequel on traverse la "Central Valley" et ses immenses champs et vergers, parsemés de puits de pétrole, on oblique ensuite vers l'est pour contourner la Sierra Nevada et on remonte au nord en traversant le désert Mojave
Death Valley aux environs de Bad Water, son point le plus bas
Il ne faut pas imaginer Death Valley comme étant une petite vallée perdue, c'est en réalité quasiment aussi grand que trois fois la Haute-Savoie ! Death Valley est l'endroit le plus bas d'Amérique du Nord (86 mètres sous le niveau de la mer) et le plus chaud de la planète (57 degrés Celsius enregistrés à Furnace Creek en 1913 et 94 degrés Celsius pour la température du sol). L'extrême sécheresse qui peut atteindre 4% d'humidité relative, et la chaleur intense sont dues à la situation géographique de la vallée, coincée entre de très hautes montagnes qui bloquent l'humidité venue de l'océan.

Avant d'atteindre Death Valley, il faut d'abord passer un premier massif montagneux, traverser la Panamint Valley (sorte de Death Valley bis mais un peu plus haute), puis repasser un massif montagneux avant d'atteindre Stovepipe Wells puis Furnace Creek ou nous avions décidé de planter notre tente. Comme dans tous les parc nationaux, les places de campings sont immenses, relativement peu chères (14$ la nuit) et ici, suprême luxe, les toilettes sont munies de chasses d'eau (normalement ce type de camping est équipé de toilettes sèches) !

Furnace Creek est un minuscule lieu-dit, organisé pour le tourisme et, à l'image de l'Amérique, plus fort que la nature ; on a beau être au milieu du désert, les palmiers poussent et les golfs des hôtels de luxe verdoient ! Je ne sais pas quelles rivières ont été détournées mais il est certain que ce n'est pas l'eau de la vallée de la mort qui alimentent les robinets, vu qu'il n'y en a point !

Entre Golden Canyon et Zabriskie Point
Les endroits très touristiques comme "Devil's golf course" où "Bad Water", le point le plus bas de la vallée, méritent le détour car les concrétions salines et les grandes étendues toutes blanches sont très étonnantes, mais c'est vraiment dans l'exploration des nombreux canyons que l'on découvre les plus beaux paysages.

La balade entre Golden Canyon et Zabriskie Point offre des paysages à couper le souffle. Les couleurs notamment sont d'une diversité incroyable. On a du mal a trouver une structure organisée dans la géologie du lieu, on a vraiment l'impression que tous les matériaux ont été jeté en vrac puis plissé dans tous les sens.

Salt Creek
Malgré l'aridité du lieu, il y a tout de même un peu d'eau dans la Vallée de la Mort, la balade "documentée" ("interpretive trail") autour du ruisseau de Salt Creek est très intéressante et montre comment la vie s'est adaptée à des conditions extrêmes, un poisson, le Pupfish arrive à survivre dans les quelques mares extrêmement salées qui subsistent durant l'été. Quelques oiseaux, lézards, fourmis, etc. sont également visibles et s’accommodent de l'environnement pour hostile qu'il soit. 


Quand on visite Death Valley en plein hiver, en touristes bien équipés, on ne peut s'empêcher de penser aux pionniers qui se sont retrouvés là avec leurs chariots après avoir déjà surmonté bien des difficultés. On imagine le découragement de se retrouver face à cette fournaise et face à ces immensités infranchissables. J'imagine que quelques aventuriers ont dû explorer canyons après canyons pour trouver les passages et découvrir l'unique point d'eau potable à Stovepipe Wells, ainsi nommé car un tuyau de poêle avait été fiché en terre afin de repérer le puits qui se trouvait régulièrement recouvert par le sable. Les éclaireurs ont dû par la suite devenir des passeurs aidant les convois à franchir la vallée contre rémunération... Je ne sais pas si des historiens ou chercheurs d'histoires se sont penchés sur le sujet, mais je suis persuadé qu'il doit y avoir là de belle tranches de vie à découvrir.

Entrée d'une mine de borax près de Zabriskie point
La cupidité des hommes a aussi trouvé dans la Vallée de la Mort un terrain où s'exprimer, les sels minéraux déposés au cours des siècles contenait du borax où borate de sodium, composé ayant de multiples usages et vendu fort cher. De nombreuses mines furent creusées et exploitées par des ouvriers chinois maintenus en semi-esclavage et d'énormes fours à charbon de bois furent installés dans les montagnes environnantes afin de fournir l'énergie nécessaire à la purification du borax. Le borax lui même était acheminé dans des chariots tirés par une vingtaines de mules. Cette exploitation ne dura que quelques années mais de nombreuses entrées de mines sont encore visibles aujourd'hui et il n'est pas recommandé de s'y aventurer.

Nous avons refait une partie du trajet des pionniers en sortant de la vallée par Emigrant Pass. Là encore le contraste est saisissant car en moins de trente minute on sort du désert et on se retrouve dans la neige ! Pensée encore pour les pionniers...

Nous avons finalement terminé notre périple an passant dans Panamint Valley et en allant visiter le village quasi-fantôme de Ballarat avec son magasin, bistrot, musée tenu par le dernier habitant, personnage haut en couleur, heureux d'être l'ultime témoin d'une époque maintenant révolue.
Ballarat


























Toutes les photos sont visibles ici.